Typographies et caractères

Selon les propos de David Rault, lors d’une conférence,

« La typographie est l’essence même du discours, vecteur de la communication écrite. […] Les connotations typographiques font partie, réellement, de l’inconscient collectif. »

Polices de caractèresDu fait de la mémoire collective, comme tout un chacun peut l’entendre en pensant à la police de caractère utilisée sur les déclarations d’impôts, chaque police de caractère porte en elle une connotation psychologique.

En bas de casse, c’est-à-dire les petites lettres, et en italique, on susurre le discours. En capitales, on parle fort, voire on hurle. J’évoque ce propos dans l’article concernant les règles orthotypographiques en usage…

Utilisation des polices, connotations

En changeant la typographie utilisée, on modifie également l’ambiance. La Cooper Black utilisée pour le logo EasyJet porte une réputation « cheap », tandis que l’Helvetica de Max Miedinger traduit la clarté, la lisibilité et la simplicité grâce à son excellente neutralité.

Selon moi, l’idéal est de trouver un ensemble, c’est-à-dire 2 ou 3 polices maximum, qui reflètent l’activité sans être trop coûteuses. Si des signes comme É, œ ou les points de suspension…, caractères à part entière, ne sont pas dessinés, la police me semble incomplète, le travail du typographe non abouti. Les documents, conçus pour l’impression ou pour le web, ne doivent pas ressembler à des sapins de Noël. Comme avec les couleurs d’une tenue vestimentaire, 2 à 3 nuances assorties d’une palette conviennent.

Les Grandes

Sans parler de familles, avec les linéales, celles à empattements et tout le détail de la classification de Maximilien Vox, de grands noms transportent leur histoire. Dans les livres, les empattements permettent de faciliter la lecture, car l’œil du lecteur suit instinctivement les lettres rattachées par ces jambages travaillés.

Journal New-York Times, juin 1914

La police Times New Roman, créée par Stanley Morison pour le journal Le Times et utilisée par la banque HSBC, illustre bien l’actualité pour laquelle elle a été dessinée.

Quant à la Mistral de Roger Excoffon, créée au début des années 50, elle inspire l’optimisme, la vitesse et la joie de vivre depuis son utilisation dans le film Drive.

Drive, cinéma

Dessinée par M. Claude Garamond, la police du même nom servait, au XXe siècle, aux couvertures de la collection Livre de Poche. Ses caractères fluides et lisibles en font une incontournable de l’édition.

Et pour terminer avec ce sujet, une erreur, une bêtise qui se démocratise, la Comic Sans. Imaginée trop vite pour faire parler la mascotte de Microsoft, le chien Rover, elle est devenue une police passe-partout pour les amateurs de tous secteurs d’activités. Utilisée dans les comics comme Superman, elle porte une image « fun ».

Une très mauvaise réputation, justifiée