À propos
Philosophe, activiste et linguiste, Noam Chomsky est apprécié dans le monde entier, à la fois pour son engagement personnel, mais aussi et surtout pour la force de ses idées. Né à Philadelphie en décembre 1928, il y a étudié la linguistique, les mathématiques et la philosophie à l’université de Pennsylvanie, où il a passé son doctorat en 1955. Ses travaux de linguistique ont révolutionné le domaine, tandis que ses écrits politiques constituent une contribution majeure au débat public.
Requiem pour le rêve américain
Dans ce traité, l’auteur traite des principes mis en place par les gouvernements successifs afin de détruire la solidarité et ainsi l’ascension sociale. Comme en témoignent les extraits choisis ci-après, les actions politiques mènent à la destruction des systèmes sociaux durement acquis afin de permettre aux riches et aux puissants de toujours plus s’enrichir, entraînant par-là même l’appauvrissement du plus grand nombre.
Quelques extraits
« La solidarité est dangereuse. Du point de vue des maîtres, on n’est censé s’occuper que de soi-même, pas des autres. Leur prétendu héros, Adam Smith, fondait pourtant toute sa vision de l’économie sur le principe que la compassion est un trait humain fondamental – mais qu’il faut chasser de la tête des gens. Chacun pour soi, en suivant la vile maxime – peu importe les autres –, ce qui convient bien aux riches et puissants, mais est catastrophique pour tous les autres. Il a fallu beaucoup d’efforts pour chasser ces émotions humaines fondamentales de la tête des gens.
On le voit aujourd’hui dans l’élaboration des politiques – par exemple, dans l’attaque contre la Sécurité sociale. On parle beaucoup de la crise de la Sécurité sociale, qui n’existe tout simplement pas. Elle est même en assez bonne santé, aussi bonne qu’elle l’a jamais été. La Sécurité sociale est un programme très efficace, qui n’a pratiquement pas de coût administratif. S’il devait y avoir une crise potentielle d’ici à quelques décennies, il y aurait un moyen facile d’y remédier. Mais le débat politique se concentre là-dessus, dans une large mesure, parce que les maîtres n’en veulent pas – ils l’ont toujours détestée, parce qu’elle bénéficie au grand public. Mais ils ont en fait une autre raison de la détester.
La Sécurité sociale est fondée sur un principe. Un principe de solidarité. La solidarité : se préoccuper des autres. La Sécurité sociale, cela signifie : « Je paie des cotisations sociales pour que la veuve de l’autre côté de la ville ait de quoi vivre. » Pour une grande partie de la population, c’est ce qui lui permet de survivre. Elle n’est d’aucun usage pour les très riches, d’où l’effort concerté pour essayer de la détruire. L’une des manières est de couper son financement. »
Quatrième de couverture
« Le rêve américain est mort. Ce qui était possible autrefois aux États-Unis – partir de rien et gravir l’échelle sociale grâce à son travail, son mérite, ses efforts, quel que soit son milieu d’origine – ne l’est plus aujourd’hui.
Pourquoi ? Parce que les inégalités n’ont jamais été aussi fortes, et la mobilité sociale jamais aussi réduite. Un cercle infernal voit la richesse et le pouvoir se concentrer dans les mains d’une infime minorité, qui applique la « vile maxime » d’Adam Smith : « Tout pour nous, rien pour les autres. »
Noam Chomsky appelle au réveil de la majorité, aux innombrables petits actes de personnes anonymes. Ce sont ces derniers qui pourront faire basculer notre avenir.