Un voyage au Sénégal, c’est une aventure. Incomplète il me semble sans faire un détour par l’île tristement célèbre de Gorée, un lieu central et iconique de la traite des esclaves à l’époque du commerce triangulaire.
Lors de mon premier séjour, en 2005, je suis allée la visiter, cette indigne maison dans laquelle Africains, Européens et Américains, touristes de tous continents, se croisent et n’osent se parler entre ces murs froids, témoins d’une histoire honteuse que nombre d’êtres humains ont oubliée.
Cette expérience m’a inspiré un poème.
On y vogue par la chaloupe
Qui a certes le vent en poupe
Mais ne manque pas de confort
On y accoste au petit port
Les couleurs y crient leur chaleur
Terres oranges côtoient murs roses
Dans une île où la vie est prose
Où seule l’histoire est froideur
Noirs et blancs y allient leurs corps
Dans une émotion non cernée
L’esclavage ne peut simuler
Ni les regrets ni les remords
Les êtres traversent la maison
Sans parfois entendre raison
Les citations inscrites aux murs
Nous rendraient la vie bien plus pure
Les enfants, au loin, s’amusent,
Las, nous n’avons que des excuses
Devant ces chaînes et ces cellules
Les pâles rancœurs pullulent…
Quelques citations de Joseph N’Diaye, conservateur de la Maison des esclaves de 1962 à sa mort
« À la mémoire de tous ceux qui sont morts ici, et dont le sacrifice et le souvenir ont marqué, d’une façon indélébile, l’âme africaine. »
« Émouvant et triste souvenir, la nuit des temps pourra-t’elle l’effacer de la mémoire des hommes ? »