De ce mardi 21 mai, jusqu’au mardi suivant 28 mai 2024, le centre dramatique national de Vire Normandie invite les publics au festival À Vif, sur le thème des Chants de batailles, un temps privilégié de rencontres, de fêtes, de spectacles, … « Un festival de tous les idéaux, ouvert à tous les âges. »
Chacun des spectacles de l’édition 2024 traitera à sa manière des chants que l’on porte, des batailles que l’on mène, avec soi et avec le monde, pour se construire, pour être ce qu’on veut être. Ce qu’on aimerait changer et voir changer dans notre société aussi. Et si l’art et nos imaginaires pouvaient avoir la capacité de transformer durablement ?
Le Cœur de la Terre, spectacle participatif d’ouverture
Le 16 mars 2024, je suis allée à la rencontre de Simon Falguières, auteur et metteur en scène, qui travaillait avec les jeunes comédiens en herbe depuis plusieurs mois déjà.
« Récit d’une aventure ! »
Après avoir travaillé l’an dernier avec les jeunes Nanterrois, sur le spectacle le Nid de cendres, l’auteur et metteur en scène a reconduit le partenariat cette année, avec 23 jeunes de Nanterre, en terminale bac professionnel numérique au lycée la Tournelle.
Cette année, nouveau challenge, avec 13 jeunes Virois recrutés sur sélection, pour monter Le Cœur de la Terre, création participative sur commande du Préau. À tous ces jeunes, s’ajoutent les comédiennes permanentes du CDN, Sonia Bonny et Lola Roy, ainsi que le binôme de Simon Falguières, Louis de Villers, au jeu et à l’accompagnement à la mise en scène.
« Les jeunes ont improvisé, puis j’ai écrit une histoire, le long de deux fils conducteurs narratifs, catabase et anabase. »
- Une en ruralité, « on suit l’aventure d’une adolescente qui se demande comment on sait si on fait les choses pour soi ou pour les autres. Comment ne pas passer à côté de sa vie ? Elle va trouver la réponse en descendant dans le Cœur de la terre, dans son propre cœur. Il s’agit ici du mouvement d’une descente, comme un conte merveilleux
- Une en banlieue, le mouvement opposé d’une ascension. Une classe de lycéens prend un cours de théâtre, un séisme se produit. En lieu et place de Paris, apparaît une montagne. L’ascension de cette montagne permettra de sauver Ella, l’adolescente du mouvement n°1.
Autour de cette équipe, Simon Falguières s’est entouré du créateur de sa compagnie, le K, pour les lumières et le son, d’une accessoiriste et d’une costumière. Esthétiquement, le public peut s’attendre à une scénographie forte et professionnelle.
Bien que participatif, ce spectacle, d’une durée d’environ 1 h 20, s’avère professionnel. Il sera présenté en ouverture du festival À Vif, les 21, 23, 24 et 28 mai, sur le grand plateau du Préau. Puis une représentation au Moulin de l’Hydre, en extérieur, aura lieu à l’occasion de la grande fête d’inauguration du moulin, le 25 mai. Ensuite, les comédiens amateurs et professionnels joueront la pièce, le 8 juin, à Nanterre Amandiers, sur le grand plateau également.
Entre octobre 2023 et mars 2024, 6 weekends de travail avec les jeunes de Vire et du Bocage ont été menés, puis une semaine de création en avril, plateau monté. En parallèle, Simon Falguières a œuvré avec les jeunes Nanterrois pendant environ 2 semaines aux Tréteaux de France, en banlieue parisienne.
Une richesse des populations, de belles rencontres en perspective
À Vire, 9 filles et 4 garçons. À Nanterre, 21 garçons et 2 filles. 7 jeunes filles jouent Ella, répartition entre les comédiennes et les amatrices adolescentes. Lola Roy joue la figure de la mère, Sonia Bonny joue Ella adulte, et Louis de Villers joue une figure de passeur et un rôle de corbeau, avec plusieurs apparences physiques. Les jeunes Normands, de divers horizons et de tous âges, sont scolarisés de la classe de 3e à la 1re année d’études supérieures, en arts du spectacle.
Les textes émanent à la fois des paroles des jeunes, puis de l’écriture d’une histoire par Simon Falguières.
« Très important pour moi, de leur faire ce cadeau d’une fable. »
Un avant-goût lors du 20 du mois d’avril
« Comment savoir si on aime vraiment une chose ? Je veux dire, si on ne fait pas les choses par habitude. Non, ce n’est pas le mot. Je veux dire, est-ce qu’on ne fait pas les choses pour les autres ? Je veux dire, plus pour les autres que pour soi ? Voilà, c’est ça la question, la vraie question. Est-ce que je ne fais pas les choses pour rendre fiers mes parents par exemple ? Rendre fiers ceux qui m’entourent plutôt qu’être heureuse, moi ? Avoir de bonnes notes pour rassurer les autres plutôt qu’être heureuse, moi ? Mener la vie que je mène pour les autres et la société plutôt que pour moi. »
« Après une foule de questions sur nos vies, sur le monde, sur nos vies dans le monde, la fable commence enfin. L’histoire commence comme ça, elle commence comme un poème. Dans une ville, perdue au milieu des forêts et des champs, dans une ville d’automne. Une adolescente décide de faire une seule chose pour soi, cette adolescente s’appelle Ella. »
Ella sort de l’école, elle veut marcher, seule à travers champs… Elle rencontre le corbeau, joute verbale. « Qui es-tu mon enfant, pour venir jusqu’à cette limite du monde ? Qui es-tu pour vouloir quitter le monde sensé des adultes, pour venir à ma rencontre ? » « Je ne vais à la rencontre de personne, c’est toi qui me barres le chemin. » « Tu as marché seule, tu as fui le monde habituel jusqu’au monde sauvage. » « Depuis quand les oiseaux parlent ? » « Depuis toujours, ce sont les humains qui ne savent pas les entendre. »
« Ella doit descendre dans son propre cœur pour répondre à la question. »